Salut! Savez-vous pourquoi les bi veulent faire partie de la pride et tout? Elles ont le straight privilège. Elles savent pas c’est quoi être lesbienne, elles aiment des hommes et leur pénis. Elles peuvent choisir de sortir avec un homme et jamais se faire harcelées. Avoir des enfants facilement. Passer incognito. Pourquoi elles se victimisent et demandent un traitement spécial? Elles ont le meilleur des mondes, peuvent être straight avec les straight et gaies avec les gaies. Ou pourquoi ne pas se faire des événements et lieux spéciaux pour les bi au lieu qu’elles fassent de la fausse représentation dans les party de femmes aux femmes, se fâchent quand on n’est pas intéressée parce qu’elles sont bi ou chialent qu’elles sont si à part des lesbiennes que ca leur prend des mots différents? Si tu sors avec une fille, c’est quoi le problème de te dire lesbienne, à part si tu t’assumes pas pis que tu veux pouvoir garder ton privilège straight?
Tannée
Bonjour !
Merci de faire confiance à l’équipe d’Alterhéros pour répondre à ta question! Je comprends dans ton message que tu te questionnes au sujet de la manière dont les femmes s’identifiant comme bisexuelles affichent leur orientation sexuelle, et plus particulièrement sur les raisons pour lesquelles la bisexualité est représentée au même titre que l’homosexualité dans les évènements comme la Pride ou les soirées de rencontres.
Ton questionnement est valide; la bisexualité est très souvent rapportée comme mal comprise, ou encore comme étant une « phase » de transition entre l’hétérosexualité et l’homosexualité. Cependant, il est important de savoir qu’elle est définie comme une orientation sexuelle à part entière (il s’agit d’ailleurs du « B » dans l’acronyme « LGBTQIA2S+ »), et c’est pourquoi elle est célébrée durant la Pride, qui se veut un festival inclusif permettant à tous les individus sur le spectre de la diversité sexuelle d’afficher leurs couleurs.
Comme tu le mentionnes, il est certain que le vécu sexuel et affectif d’une personne bisexuelle est différent de celui de quelqu’un s’identifiant comme homosexuel.le. En effet, il arrive souvent qu’une femme qui fréquente une autre femme soit perçue par son entourage comme gaie ou, à l’inverse, soit considérée comme exclusivement hétérosexuelle si elle s’engage dans une relation avec un homme. Cependant, l’orientation sexuelle des gens qui s’identifient comme « bi.e.s » diffère de celle des personnes homosexuelles et hétérosexuelles au sens où ielles ont la capacité d’être attiré.e.s par plus d’un genre à la fois, et ce durant la même période de leur vie.
Par exemple, une femme bisexuelle peut fréquenter une autre femme pendant un certain temps, mais savoir qu’elle est tout de même attirée par les hommes; elle ne devient donc pas lesbienne pour la période durant laquelle elle fréquente sa partenaire, tout comme elle ne deviendra pas hétérosexuelle si elle tombe amoureuse d’un homme durant sa vie. Si elle est confortable avec cette étiquette, elle restera bisexuelle peu importe la relation dans laquelle elle s’engage. Il est donc vrai d’affirmer que les individus s’identifiant comme « femmes bisexuelles » ne « savent pas ce que c’est d’être lesbienne » : elles vivent en effet une réalité complètement différente, et c’est pourquoi beaucoup revendiquent l’utilisation d’un terme différent pour nommer et pour définir leur orientation sexuelle. La bisexualité étant une orientation sexuelle à part entière, les gens s’identifiant comme bisexuel.le.s ne choisissent pas de tomber amoureux.se.s d’un homme ou d’une femme; ielles peuvent ressentir de l’attirance, du désir et/ou de l’amour pour ces deux genres – ou en dépit du genre -, et c’est l’un des aspects importants qui caractérise leur orientation sexuelle.
Je crois qu’il est aussi important de mentionner que beaucoup de personnes bisexuelles vivent de la stigmatisation en lien avec leur orientation sexuelle : « biphobie » est le terme utilisé pour décrire ce phénomène. Le fait qu’on puisse entendre autour de nous des commentaires tels que « la bisexualité n’existe pas », ou encore que « la bisexualité n’est qu’une phase » est souvent l’une des raisons qui pousse les gens s’identifiant comme bisexuel.le.s à s’afficher ouvertement pour montrer que, oui, ielles existent bel et bien, qu’ielles ne veulent pas passer incognito, et que, puisque la bisexualité est reconnue comme une orientation sexuelle en soit, ielles souhaitent être considéré.e.s comme membres à part entière de la communauté LGBTQ+ .
Pour ce qui en est des réactions que peuvent avoir certaines personnes s’identifiant comme bisexuel.le.s lorsqu’ielles reçoivent un refus, je crois que la seule explication possible réside dans les caractéristiques et les croyances personnelles propres à chacun. En effet, il est vrai que certaines personnes bisexuelles peuvent percevoir un refus en lien avec leur orientation sexuelle comme quelque chose de personnel – ielles peuvent se sentir tristes, en colère, diminué.e.s, et cela peut se ressentir dans leur manière de réagir. Les femmes bisexuelles qui fréquentent les évènements réservés aux femmes qui aiment les femmes ne perçoivent peut-être pas non plus leur comportement comme de la « fausse représentation » parce qu’elles sont intéressées elles aussi par les femmes – leur attirance va simplement au-delà de ce genre spécifique. En bref, comme tu peux le constater, en ce qui concerne cet aspect-ci, il s’agit surtout d’une question de perception – et comme il existe plusieurs manières de percevoir à la fois sa propre orientation/identité sexuelle, mais aussi les différentes identités du spectre LGBTQIA2S+, il est fort possible que les points de vue s’entrechoquent parfois!
Si tu te poses d’autres questions, ou si ma réponse n’a pas éclairé tous les aspects de ton message, n’hésites pas à nous réécrire! Tu peux aussi consulter le dossier sur la bisexualité disponible sur le site d’AlterHéros. J’espère avoir pu contribuer à tes réflexions!
Claude,
Bachelière en sexologie
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